le 14/03/2014 à 05:01 de Geneviève Daune-Anglard
Naoto Matsumura, qui vit dans la zone interdite de Fukushima, continue son tour européen après Paris, il a participé mercredi soir à une table ronde à Strasbourg, suite à une visite de la centrale de Fessenheim.
Son témoignage est une alerte édifiante sur le danger nucléaire. Le risque zéro n’existe pas et demeure une invite à conclure à la fermeture de toutes les centrales nucléaires :
« Depuis trois ans, des réacteurs de Fukushima continuent de relâcher en permanence des gaz radioactifs. La nappe phréatique sous la centrale est très polluée et l’eau contaminée ruisselle dans l’Océan Pacifique. »
Cette eau injectée en permanence dans la centrale pour refroidir les réacteurs, « à raison de 400 m3 par jour ». La même quantité d’eau contaminée part chaque jour dans l’océan, malgré des pompages et un stockage de l’eau radioactive dans d’immenses cuves. « 400 000 tonnes aujourd’hui , précise l’instituteur Pierre Fetet qui consacre un site complet au drame de Fukushima , mais le double est prévu d’ici 2016 ».
L’évacuation des populations pose aujourd’hui un problème social. « Elle a été faite de façon très chaotique et par à-coups , explique Reiko Hasegawa, spécialiste du déplacement des populations qui a travaillé à l’Institut de développement durable et des relations internationales. Et sans préparation, « car le mythe de la sûreté absolue a empêché la tenue d’exercices grandeur nature ».
Aux habitants évacués de force se sont ajoutés des évacués volontaires, venus des zones contiguës à la zone interdite, craignant pour la santé de leurs enfants. «Le gouvernement a refusé de reconnaître leur statut d’évacués et de les indemniser ou de les aider. »
En février dernier, les autorités du pays ont décidé que la population pouvait réintégrer certaines des zones évacuées. « Mais la majorité des personnes hésitent à rentrer , ce qui est mal vu par les autres évacués forcés » , note Reiko Hasegawa. Des mères de famille, voulant protéger leurs enfants, se heurtent au désir de rentrer de leurs maris, ce qui génère des divorces. « Ces tensions divisent la société et rajoutent une catastrophe sociale à la catastrophe sanitaire et environnementale. »
En Alsace, une autre échelle
Naoto Matsumura confirme que les opérations de décontamination des sols par décapage ne sont pas concluantes. « Ça améliore les choses temporairement, mais très vite, la radioactivité revient au niveau d’avant la décontamination. » Il a réaffirmé hier sa volonté de lutter pour arrêter le nucléaire. « Il faut combattre tous ensemble. »
« En Alsace, en cas d’accident d’explosion à la centrale de Fessenheim, ce ne sont pas 150 000 personnes qu’il faudrait évacuer comme à Fukushima mais plus d’un million » , rappelle la députée européenne Michèle Rivasi. La nappe phréatique rhénane, qui alimente en eau potable plusieurs millions de personnes, serait menacée. Et des km² de terres agricoles seraient rendues inutilisables pour des décennies. « À la différence d’une guerre, une catastrophe nucléaire ne s’arrête jamais. »
Nous l'attendons en Suisse le 18 mars : conférence à la Haute Ecole Pédagogique de Lausanne
19 mars : matin, vigie devant l’OMS avec Independant Who à Genève
UN MOMENT EMOUVANT, POIGNEES DE MAIN ET EMBRASSADES ENTRE NAOTO ET JOSE BOVE
LA CHANSON DE NAOTO MATSUMURA- SAN
L'Homme Seul
À l'horizon de ces jours qui passent après la vague
Au-delà des fumées blanches de l'usine
Qui crache son venin sur la terre amoureuse
Il marche dans les ruines envahies par les herbes folles
Dans son rêve les oiseaux si gracieux
Volent dans le ciel
Et les chiens et les chats
Viennent se blottir dans ses bras
Sur cette terre souillée, il a laissé les larmes
Le feu invisible peut bien brûler, il reste là
Il sème à la volée généreuse les graines
D'un futur insensé dans l'absence des hommes
Il dispose des mangeoires légères
Dans lesquelles la faune se ravie
Ressuscite la terre
Et ce monde effacé
Comme un dieu égaré sur la terre des hommes
Célébré par la faune et les arbres qui bourgeonnent
Il forge de ses mains la nouvelle alliance
Battant le fer de la lune, sa lumière qui danse
Sur les eaux de la nuit
Cernée des yeux sauvages
Qui s'abreuvent insouciants
De ce feu invisible qui dévore tout
Viendra des temps encore les cerisiers en fleurs
aux silences ombragés nous dirons nos douleurs
Mais dans les mines de ses rêves il y a des eaux
d'amour qui coulent
Des animaux sacrés qui font battre son cœur
Et qui sait si là-bas
Tous ces espoirs vivants
Nourrissent les cœurs brisés
Et que les yeux des hommes enfin s'ouvrent
http://www.djemaachraiti.ch/